Le choix d'Edith by Edith Eva Eger

Le choix d'Edith by Edith Eva Eger

Auteur:Edith Eva Eger [Eger, Edith Eva]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782709656238
Éditeur: JC Lattès
Publié: 2018-01-16T23:00:00+00:00


Béla est le premier à s’effondrer sous la pression. Cela se produit au travail. Il soulève une caisse et bascule au sol. Il est incapable de respirer. À l’hôpital, les radios révèlent une récidive de la tuberculose. Il a l’air plus défait et plus pâle que le jour où je l’ai sorti de prison, le jour où nous avons fui vers Vienne. Les médecins le transfèrent dans un hôpital pour tuberculeux, et quand j’emmène Marianne lui rendre visite, après mon travail et, malgré tous nos efforts pour lui cacher la gravité de la maladie, je suis tétanisée de peur qu’elle ne le voie cracher du sang, qu’elle ressente la possibilité de la mort. Elle a quatre ans, elle sait déjà lire, elle apporte des livres d’images prêtés par Mme Bower pour amuser son père, elle avertit les infirmières quand il a terminé son repas, ou quand il a besoin de plus d’eau. « Tu sais ce qui ferait du bien à papa ? me dit-elle. Une petite sœur ! » Nous nous sommes interdit d’essayer de faire un deuxième enfant, nous sommes trop pauvres, et maintenant je suis soulagée de ne pas avoir la charge supplémentaire d’une bouche de plus à nourrir qui pèserait sur la guérison de Béla, sur ma paye pitoyable. Mais cela me brise le cœur de voir ma fille mourant d’envie d’avoir de la compagnie. De voir sa solitude. Du coup, mes sœurs me manquent. Magda a un meilleur emploi, maintenant, à New York, où elle met à profit le savoir-faire de couturière qu’elle a appris de notre père pour confectionner des manteaux chez London Fog. Elle n’a aucune envie de tout recommencer dans une nouvelle ville, mais je la supplie de venir à Baltimore. À Vienne, en 1949, c’est ce que j’avais imaginé que deviendrait ma vie : élever Marianne seule, avec ma sœur au lieu de mon mari. Ensuite, il y avait eu un choix, celui d’épargner à ma fille de vivre dans une région en guerre. Maintenant, si Béla meurt, ou s’il devient invalide, cela deviendra une nécessité. Nous vivons désormais dans un appartement à peine plus spacieux, et même en travaillant tous les deux, nous avons le plus grand mal à assurer notre subsistance. Je n’ose imaginer comment j’arriverais à nous acheter à manger si j’étais seule. Magda accepte de réfléchir à l’idée de nous rejoindre.

— Ne t’inquiète pas, me dit Béla, en toussant dans un mouchoir. Je ne laisserai pas notre petite fille sans papa. Jamais.

Il tousse et bégaie si fort qu’il arrive à peine à prononcer ces mots.



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